Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : bonjour de Sougueur
  • : Tout sur ma ville Sougueur Son histoire ,sa colonisation ,ses informations ,ses enfants
  • Contact

Profil

  • bonjourdesougueur.over-blog.fr
  • Citoyen reconnaissant à ma ville et aux personnes qui ont contribué à mon épanouissement
  • Citoyen reconnaissant à ma ville et aux personnes qui ont contribué à mon épanouissement

Calendrier

Get this widget from WidgipediaGet this widget from WidgipediaMore Web & Desktop Widgets @ WidgipediaMore Web & Desktop Widgets @ Widgipedia

Recherche

Il est temps

Archives

Traduire en 24 langues

Pages

Compteur

litterature

Il y a actuellement    personne(s) présente(s) sur ce blog

Website counter

Météo Sougueur

YoWindow.com Forecast by yr.no

EVENEMENT

J'ai déménagé chez Over-blog. N'oubliez pas de changer vos liens et de vous réinscrire à la newsletter, merci.

4 septembre 2011 7 04 /09 /septembre /2011 00:54

 

Au coin de la cheminée
Le subtil voleur de Beït el-mel  

1.Un jeune garçon fort intelligent connaissait la formule magique pour entrer et voler la maison du trésor (beït el-mel). Il ne volait pas les pauvres gens, il ne volait que le Sultan ! Il vida la moitié de beït el-mel. Les gardes, fort nombreux, ne parvenaient pas à le surprendre et les voIs continuaient à leurs barbes. Cela les humiliait et provoquait les grandes colères du Sultan qui ne cessait de les traiter de «chiens, fils de chiens» et «d'incapables, fils d'incapables».
Un jour, le Sultan à court d'idées pour capturer le voleur, conseilla à ses gardes de mettre du savon et de la glu par terre. Ainsi, selon lui, le voleur glisserait et irait se fixer dans le soI. Ses instructions furent appliquées. Or, ce subtil voleur avait un frère cadet qui était simple d'esprit, idiot même. Ce dernier pleura «dans le giron de sa mère» :
— Oh ma mère ! Mon frère va toujours chercher de l'or et moi je n'ai rien ! Donne-moi son secret afin que je sois comme lui, riche et considéré.
La mère, malgré les recommandations de son aîné, céda car elle était fort sensible et avait un penchant pour son cadet parce qu'il était simple d'esprit. Elle lui révéla le secret en y ajoutant de vaines recommandations. Pour son malheur, le pauvre idiot s'en alla commettre le vol le jour où les gardes avaient mis du savon et de la colle. Il pénétra dans beït el-mel en prononçant sa formule magique, et au premier pas qu'il fit, il glissa et se retrouva, debout, fixé dans la colle. On aurait dit qu'il était soudé au soI.
Lorsque l'aîné apprit que son idiot de frère était aIlé chercher de l'or, il craignit le pire et courut le rejoindre. Il savait qu'une catastrophe se produirait et que toute la famille perdrait la vie. En effet, le Sultan avait juré de punir le voleur et tous ses proches sans exception s'il venait à s'en saisir. Le voleur arriva bien avant les gardes et trouva son frère debout les deux pieds figés. Il fallait faire vite, mais il ne parvint pas à le décoller. Il faut savoir qu'en ce temps-là, les gens simples marchaient les pieds nus car il faisait toujours beau. Le voleur était désespéré. Mais voilà que son frère lui dit :
— Mon frère ! Je suis la cause de ce malheur. Il serait injuste que vous mouriez à cause de moi. Prends ton sabre, tranche-moi la tête et emporte-la. Ainsi personne ne saura qui je suis. L'aîné, malgré son chagrin, obéit à son cadet qu'il ne trouva finalement pas si idiot que cela. Il emporta la tête, l'enterra dans la cour et ferma portes et fenêtres afin que personne n'entendît les pleurs de la pauvre mère. Lorsque les gardes de beït el-mel arrivèrent sur les lieux, ils découvrirent un corps sans tête. Effrayés, ils s'en retournèrent alerter le Sultan :
— Sidi ! Nous avons trouvé ! C'est une chose sans tête qui volait le trésor.
Après avoir écouté leur récit, le Sultan jeta son turban par terre et hurla :
— Chiens fils de chiens ! Incapables fils d'incapables ! C'est quelqu'un qui a coupé la tête du voleur. Cela signifie qu'il a un complice et que les vols vont continuer. Mais qu'ai-je fait au Bon Dieu pour avoir des gardes pareils ? Personne ne découvrant l'identité du voleur, le Sultan ordonna que l'on exposât dans la ville le corps sans tête et que l'on demandât à tous les habitants de passer devant. Celui qui serait de sa famille ne pourrait pas retenir ses émotions et ses pleurs.

2. Le voleur savait que sa mère ne retiendrait pas ses cris et ses larmes. Il avait déjà eu beaucoup de mal à étouffer ses lamentations le soir où il avait enterré la tête dans la cour. Il promit à sa mère de voler le corps de son frère pour lui donner une sépulture, mais auparavant, il devait trouver une solution pour qu'elle ne soit pas démasquée le jour où elle verrait le corps de son cadet suspendu à un arbre. Aucune mère au monde ne pourrait maîtriser ses émotions dans une situation pareille. Le voleur eut une idée. Il lui conseilla :
— Ma mère ! Prends ces sacs. Mets dans l'un des grains de blé, dans le deuxième des fèves sèches, dans le troisième des pois chiches, dans le quatrième le l’orge et dans l'autre du seigIe. Multiplie les sacs et les graines. Lorsque tu arriveras devant le corps de mon défunt frère, laisse le tout tomber et les graines s'éparpiller. Ensuite, tu n'auras qu'à laisser éclater ton chagrin en pleurant haut et fort. Lorsque les gardes viendront t'interroger, dis-leur que tu pleures car tes graines se sont mélangées.
La vieille suivit ces conseils et pleura devant le cadavre de son fils. Elle soulagea son cœur et son foie comme on dit. Elle s'arracha les cheveux, se lacéra les joues et frappa ses cuisses de ses mains. Lorsque les gardes vinrent pour la saisir, elle leur cria :
— C'est votre faute, cette chose horrible suspendue à l'arbre m'a effrayée à tel point que j'ai laissé tomber toutes mes graines. C'était ma réserve pour l'hiver. Que vais-je devenir maintenant que tout est mélangé ?
Les gardes s'excusèrent et la conduisirent auprès du Sultan qui lui offrit une pièce d'or pour la dédommager.
Dans la nuit, le subtil voleur coIla sur les cornes de quelques boucs des bougies allumées. Il lâcha le troupeau en direction des gardes qui surveillaient le cadavre toujours suspendu à l'arbre. Lorsque ceux-ci aperçurent dans le noir les reflets des cornes et des museaux avancer vers eux, ils détalèrent en hurlant tout effrayés :
— C'est ‘azrain ! C'est ‘azrain qui vient prendre le cadavre.
Ils se sauvèrent sans demander leur reste. Le voleur en profita pour emporter le cadavre qu'il enterra avec la tête dans la cour. Le Sultan était furieux :
— Chiens, fils de chiens ! Incapables, fils d'incapables ! Vous avez laissé le corps disparaître.

3. Quelque temps après, le Sultan qui passait son temps à réfléchir au moyen d'attraper le voleur, annonça à ses gardes :
— Je vais organiser un team (une fête). Invitez tous les hommes à dîner et servez du vin à profusion pour délier les langues.
Le crieur public clama par les rues :
— Ecoutez bonnes gens ! Le Sultan fait un team, vous êtes tous invités, les absents comme les présents. Que ceux qui sont ici le disent à ceux qui sont ailleurs. Le voleur qui avait un penchant pour le vin, se soûla et se mit à se vanter de tous ses exploits. Les gardes le repérèrent au milieu de la foule et, une fois que tous les hommes furent endormis sur les tapis mis à leur disposition, ils lui rasèrent la tête pour le distinguer des autres le lendemain matin. Heureusement qu'il reprit ses esprits dans la nuit et trouva son crâne sans cheveux. Il comprit l'astuce, rasa toutes les têtes des hommes endormis et se recoucha.
Le matin, le Sultan accompagné de ses gardes, vint, lui-même, se saisir de l'homme à la tête rasée. Il trouva tous les invités sans cheveux. Il hurla, désespéré :
— Chiens, fils de chiens ! Incapables, fils d'incapables !
La fois suivante, le Sultan ordonna à ses gardes :
— Emmenez l'autruche au souk ! Faites semblant de ne pas la surveiller et guettez celui qui sera tenté de la voler. Attrapez-le, ce sera lui le voleur de Beït el-Mel.
En ce temps-là, les autruches étaient rares et leur graisse représentait un remède précieux et coûteux. Le voleur apprit la nouvelle et emporta une outre remplie de fèves qu'il perça aux deux extrémités. Au souk, il tourna autour de la bête en laissant les fèves s'échapper. Comme les autruches aimaient les fèves, elle le suivit. Une fois derrière le mur, il s'en saisit, lui tordit le cou, l'enveloppa dans son burnous et rentra chez lui. Il la pluma, la découpa et mit la précieuse graisse de côté dans la réserve. Puis il fit promettre à sa mère d'être vigilante et d'oublier qu'il y avait de la graisse d'autruche dans la maison.
Le Sultan, alerté du vol, jeta son turban par terre et cria :
— Chiens, fils de chiens ! Incapables, fils d'incapables ! Je vous ai dit de faire semblant de ne pas surveiller et non d'oublier de surveiller. Si seulement ce voleur avait été l'un de mes gardes, j'aurais eu la paix. Allez me chercher la vieille Settout.
On fit venir Settout (qu'elle soit maudite, elle, la rusée, capable de tout. Que Dieu nous en préserve !) Le Sultan lui promit une grande récompense si elle l'aidait à capturer le voleur de Beït el-Mel. Pour cela, il suffisait de trouver de la graisse d'autruche.
— Celui qui a la graisse d'autruche, c'est lui le voleur, dit-il.
Settout visita les maisons de la ville l'une après l'autre. Elle saluait les habitants et demandait :
— Bonjour ! Je cherche un peu de graisse d'autruche pour Sidi le Sultan qui a mal au dos meskine (le pauvre).
Les femmes lui répondaient :
— Vieille femme ! Qui peut posséder un remède aussi précieux si le Sultan lui-même ne le possède pas ?
De porte en porte, elle arriva chez la mère du voleur :
— Tu n'aurais pas un peu de graisse d'autruche ? C'est pour le Sultan ! Meskine, il a mal au dos, il ne peut plus bouger. Seule la graisse d'autruche peut le guérir.

4. La mère du voleur, très sensible, eut de la peine pour le Sultan et donna un peu de graisse à la Settout en lui demandant de garder le secret. La vieille promit comme savent toujours promettre les Settouts. Le voleur rentrait au moment où Settout sortait. Il l'interrogea :
— Vieille femme, que tiens-tu dans les mains ?
— Rien, rien, répondit-elle.
— Si ! Je veux savoir, insista le voleur.
— C'est un peu de graisse pour le Sultan qui a mal au dos, finit par lâcher la vieille.
— Minute ! Ma mère t'a offert un si petit bout ? Le Sultan mérite plus que ça. Viens, je vais t’en donner un peu plus. Il conduisit la rusée dans la réserve et lui coupa la langue :
— Chienne ! Allez va ! Tu ne pourras plus parler maintenant.
En partant, Settout aspergea la porte avec le sang de sa langue coupée. Elle la marqua pour la repérer car toutes les maisons se ressemblaient et leurs portes étaient peintes de la même couleur. Le voleur vit la marque. Il se précipita, égorgea un coq et aspergea de sang toutes les portes de la ville.
Lorsque les gardes se rendirent sur les lieux, ils trouvèrent toutes les portes marquées de la même manière. Ils s'en retournèrent bredouilles, en répétant :
— Mais quelle est cette chose qui nous a volé le trésor, la tête, le cadavre, l'autruche, qui a rasé toutes les têtes et coupé la langue de Settout ? Mais quelle est donc cette chose ? C'est impossible que ce soit œuvre humaine. Le Sultan, quant à lui, convoqua la cour, les gardes et leur soumit sa nouvelle ruse pour capturer cet individu qui ne cessait de se jouer d'eux.
— Celui qui vole ne résistera pas à la tentation de ramasser des pièces d'or éparpillées sur la route, conclut-il après avoir donné ses ordres.
Les gardes obéirent et dispersèrent les dernières pièces de Beït el-mel sur la grande route qui menait à la sortie de la ville. La moitié des hommes se camoufla sur le bord, à droite de la route, et l'autre moitié se camoufla du côté gauche.
Le subtil voleur décida de quitter le pays avec tous ses biens afin de s'installer quelque part où il pourrait changer de métier et devenir lui-même sultan. Il chargea toute une caravane de ses coffres après avoir peint ses chameaux en blanc du côté droit et en noir du côté gauche. Il leur enduisit également le bas des pieds avec du goudron et au moment où le soleil déclinait, il prit la route où se trouvaient les pièces d'or. Bien évidemment, en bon fils, il emmena sa mère.
En marchant, les chameaux emportèrent les pièces qui se collèrent au goudron de leurs pieds. La nuit, lorsque les gardes regardèrent la route, les pièces avaient disparu. Effrayés, ils vinrent annoncer au Sultan :
— Nous sommes sûrs que c'est un djinn, un être invisible qui est le malfaiteur. Nous avions les yeux fixés sur la route et personne n'a ramassé les pièces d'or. Pourtant elles ont disparu.
— Chiens, fils de chiens ! Incapables, fils d'incapables ! Qui est passé par-là ? hurla le Sultan.
— Seulement une caravane de chameaux blancs, déclarèrent les gardes qui surveillaient à droite de la route.
— Non ! Seulement une caravane de chameaux noirs, protestèrent ceux qui surveillaient du côté gauche de la route.
Les gardes se disputèrent :
— C'étaient des chameaux blancs !
— Non ! Des chameaux noirs !
— Blancs ! Noirs ! Noirs ! Blancs !
Pendant que les gardes se querellaient, le subtil voleur de Beït el-mel était déjà loin.
Elle est partie, je suis venue !

 

L’Algérie des contes et légendes Nora Aceval

 

Partager cet article
Repost0

commentaires