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3 septembre 2011 6 03 /09 /septembre /2011 15:35

Au coin de la cheminée
Peau d’Âne

1.Il était une fois une pauvre orpheline. Sa mère était morte et sa belle-mère la détestait. Elle la maltraitait et lui donnait à exécuter les travaux les plus pénibles et les plus dégradants. La jeune fille se levait à l'aube pour nettoyer la zriba (enclos) des moutons et des chèvres et les écuries. Ensuite, après les tâches ménagères, la préparation de la semoule du pain, la traite des brebis et le travail de la laine, sa belle-mère lui demandait de garder les ânes dans les champs.
Et comme elle n'avait plus de quoi se vêtir, la marâtre lui imposa de porter la peau d'un vieil âne qui venait de mourir. Voilà pourquoi elle fut appelée Peau d'Âne. La fillette obéissait sans protester. Un jour elle finit par décider :
— Je suis bien trop malheureuse depuis la mort de ma mère, je vais quitter ce pays. Je n'ai plus rien à perdre.
Et elle s'en alla et marcha, marcha...
Elle entra dans un pays, sortit d'un autre pays, entra dans un pays, sortit d'un autre pays...
Elle erra de pays en pays, de contrée en contrée, de région en région, mendiant son pain jusqu'au moment où elle traversa une plaine étrange et s'engagea sur un sentier isolé. Elle évitait de se montrer car souvent les gens la chassaient et les enfants lui lançaient des pierres en criant : «Peau d'Âne ! Peau d'Âne !»
Tout en avançant sur ce chemin, elle remarqua un petit trou garni de trois pierres formant un kanoun. Par respect pour ce qui aurait pu constituer un âtre, la jeune fille contourna les trois pierres en passant sur les épines et continua sa route. À peine avait-elle fait quelques pas qu'elle entendit une voix :
— Hé ! Toi qui n'as pas détruit mon âtre et n'as pas cassé mon tagine, dis-moi : fais-tu partie du monde des vivants ou fais-tu partie du monde des morts sous ta peau d'âne ? Peau d'Âne se retourna et vit une femme entourée de ses enfants près d'un feu sur lequel cuisait du pain dans un tagine en argile. Elle fut bien étonnée car cette femme et ces enfants n'étaient point là lorsqu'elle avait contourné l'endroit. Elle comprit vite qu'elle était en présence d'une Djennia, un être surnaturel du monde invisible capable de se rendre visible lorsqu'il l'estimait utile. Courageuse, elle répondit :
— Honorable femme ! Il fut un temps où je me considérais du monde des vivants, mais, depuis la disparition de ma mère, j'estime que je fais partie du monde des morts.
— Viens ma fille ! Ne crains rien, je ne te ferai aucun mal.

2. La Djennia lui apprit qu'elle habitait dans cet endroit depuis toujours avec ses enfants. Seulement, comme les humains y avaient tracé un chemin, elle ne pouvait plus aspirer à la tranquillité d'antan. Les gens n'ayant pas la capacité de voir le monde invisible des Djinns, ils circulaient sur ce sentier et bousculaient les trois pierres de l'âtre en renversant le tagine avec son pain. Cela avait pour conséquence de laisser les enfants de la Djennia sans repas. Aussi, de colère, pour se venger, celle-ci provoquait la chute des maladroits pour qu'ils se brisent une jambe. Peau d'âne était la seule à avoir pris soin d'éviter le kanoun.
— Pourtant, dit la Djennia, ces trois pierres ont été rendues visibles par mes soins pour que les humains les respectent et ne les bousculent pas. Et elle ajouta : Comme tu es la seule à avoir préservé mon âtre et à n'avoir pas privé mes enfants de pain, je te donne ce rameau. Cache-le sous ta peau d'âne et dès que tu te retrouveras seule, tu pourras lui demander tout ce que tu voudras.
La fillette prit le rameau, remercia, et continua sa route. Elle marcha, marcha longtemps et vit enfin une ferme au loin. Elle s'en approcha et cria:
— Dhiaf Rabi ! Au nom d'Allah, accordez-moi l'hospitalité !
Le seul lieu où il lui fut accordé de dormir était l'écurie. Le lendemain elle se mit au travail. Elle était chargée de nettoyer les écuries et de s'occuper des bêtes qu'elle faisait paître. Personne ne chercha à savoir qui était Peau d'Âne et le temps passa : vient un jour et part un jour, vient un jour et part un jour...
Un soir, épuisée, Peau d'Ane se mit à rêver d'un bon dîner, d'un bon lit, d'un habit décent. Soudain, elle se souvint du rameau.
— Mais oui ! se dit-elle, les Djinns sont des créatures d'Allah et s'ils sont invisibles c'est par sa volonté et s'ils font des miracles c'est aussi par sa volonté. Je vais utiliser mon rameau magique et s'il répond à mes désirs, ce sera par la volonté de Dieu. Puis elle ajouta en tenant son rameau : Rameau magique ! Donne-moi un couscous à la viande !
A ces mots, un plat de couscous garni d'un morceau de viande fut déposé devant elle. Elle dit
encore :
—Rameau magique ! Je voudrais que cette écurie se transforme en chambre digne d'une fille de sultan et que ma Peau d'Âne devienne la plus jolie des robes !

 

3. Tous ses vœux furent exaucés en un clin d’œil. La jeune fille remercia Dieu et cacha son rameau. Au lever du jour, elle le saisit à nouveau et murmura :
— Que tout redevienne comme avant !
Toutes les nuits Peau d’Âne formulait les mêmes vœux et au lever du jour reprenait son apparence de fille d’écurie. Les jours et les nuits se suivirent sans que rien changeât.
Mais un soir, le fils du Sultan, s’étant égaré, cherchait un lieu pour la nuit.
Il fut attiré par une lumière et s’en approcha. Etonné de se trouver devant une écurie, il regarda par la fente de la porte et s’émerveilla. Il n’avait jamais vu fille aussi belle, ni lieu aussi lumineux.
Il cria :
— Ohé, habitants de cette demeure ! Accordez-moi l’hospitalité au nom d’Allah !
Peau d’Ane se réveilla et fit tout disparaître. Les gens de la ferme vinrent accueillir le jeune homme et l’entendirent répéter :
— Je veux revoir la fille qui se trouvait là. On alla chercher Peau d’Âne, mais le prince dit que ce n’était pas cette créature qu’il avait vue, mais une femme plus éclatante que le soleil. Tous pensèrent qu’il avait été victime d’une hallucination provoquée par les ruses des esprits nocturnes qui se jouent des humains. On appela un taleb qui récita quelques versets pour conjurer le mauvais sort et chasser les Djinns, mais rien n’y fit. Le lendemain, le prince rentra chez lui et s’alita. Il perdit l’appétit et tomba malade. On raconta dans le pays qu’il ne cessait de réclamer la belle princesse. Cela provoqua le rire de ceux qui pensaient à Peau d’Âne, la seule occupante des écuries. Beaucoup étaient convaincus qu’il avait été «frappé», comme on dit, par une Djennia.
— Ces créatures de l’invisible envoûtent leurs victimes qui tiennent des discours incohérents, expliquaient les médecins et les sages, au chevet du prince.
Hélas, le mal empirait de jour en jour et aucun docteur ne parvint à guérir le prince.
Le Sultan au comble du désespoir, déclara qu’il récompenserait la personne qui réussirait à faire manger son fils en préparant la galette la plus appétissante. Le crieur public fut chargé d’annoncer la nouvelle à tout le pays. Il clama :
— Ecoutez ! Ecoutez tous que Dieu vous fasse entendre ! Toute personne qui rendrait au prince son appétit sera récompensée.
Toutes les jeunes filles du pays se mirent au travail. Elles s’activèrent pour pétrir de toute leur vigueur la galette. Hélas, le prince y goûtait du bout des lèvres avant de tout rejeter. Peau d’Âne se présenta elle aussi et on l’accepta parmi les autres jeunes filles. Sa présence provoqua les rires et les moqueries. Les unes disaient :
— Quelle honte ! Ce n’est pas possible de laisser une telle souillon pétrir pour le prince.
D’autres la repoussaient :
— Elle se prend pour une femme. Pourvu qu’elle n’empoisonne pas le prince. Allez ! Eloigne-toi de nous, tu sens mauvais.

4. Sans répondre, Peau d’Âne se mit à pétrir, pétrir de toute son ardeur. Discrètement, elle glissa sa bague dans la pâte. Elle alluma son kanoun et mit sa galette dans le tagine pour la cuire. En cuisant déjà, le pain parfuma tout le palais. Lorsque la galette de Peau d’Âne fut présentée au prince, il la mangea avec grand appétit et y découvrit l’anneau d’or. Il le cacha et ordonna :
— Allez me chercher la jeune fille qui a pétri ce pain.
Tous prirent peur. Comment avouer au prince qu’il venait de manger le pain de Peau d’Âne ?
Le Sultan réunit ses vizirs pour trouver une solution. Il n’était pas question de révéler au prince qu’il avait mangé ce qu’une «souillon» avait préparé.
Peau d’Âne fut chassée après avoir refusé toute récompense et on présenta une jolie fille à sa place.
Dès que la jeune fille fut au chevet du prince, il sortit la bague et lui demanda de tendre la main. Croyant qu’il la demandait en mariage, elle s’exécuta avec joie. Mais la bague ne put rentrer dans aucun des doigts qui étaient trop gros pour un anneau si fin. Le prince se fâcha et déclara que ce n’était pas elle qui avait pétri le pain.
La reine supplia le Sultan :
— Dis-lui la vérité ! Il ne sera pas plus malade s’il découvrait que c’est Peau d’Âne qui avait pétri l’appétissante galette.
Le Sultan accepta. Lorsque Peau d’Âne fut introduite dans la chambre du prince, elle tendit son doigt et l’anneau s’y glissa délicatement. Tous furent surpris. Le prince se souvint du soir où elle sortit des écuries alors qu’il venait d’apercevoir une princesse quelques instants auparavant. Il sauta de son lit et déclara à l’assemblée médusée qu’il épouserait Peau d’Âne.
Le mariage fut organisé et partout la rumeur circula :
— Le prince a épousé Peau d’Âne. Le prince a épousé Peau d’Âne…
Les servantes voulaient laver la mariée et lui décoller sa peau d’Âne pour la préparer à sa nuit de noces, mais elle refusa. Elle fut installée dans la chambre pour y attendre son royal époux. Avant qu’il ne vînt la rejoindre, elle sortit son rameau et lui chuchota son désir d’être la plus belle. En un clin d’œil, sa peau d’Âne disparut et révéla une resplendissante créature. Le prince fut bouleversé de découvrir la jeune fille de sa vision.
Peau d’Âne lui raconta toute son histoire depuis le commencement. Les jeunes mariés passèrent leur nuit de noces, heureux, et le matin, lorsque les servantes se présentèrent pour s’occuper du couple royal, elles repartirent en courant et en criant que Peau d’Âne était devenue la plus belle des princesses.
Le Sultan, sa femme et toute la cour en furent ravis.
C’est ainsi que Peau d’Âne devint princesse et rendit jalouses toutes les filles qui s’étaient moquées d’elle. Il ne lui restait plus qu’à jouir de ses richesses, à donner de beaux enfants au prince et à se méfier de celles qui, un jour ou l’autre, essayeraient de prendre sa place.
Elle a pris le feu, le feu, j’ai pris la route, la route !
Elle a mangé du Diss, j’a mangé du Rfiss !

 

L’Algérie des contes et légendesNora Aceval

 

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