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4 septembre 2011 7 04 /09 /septembre /2011 00:48

Izar -L’Algérie des contes et légendes

Au coin de la cheminée
Izar

1.Il y a bien longtemps, une méchante marâtre chassa les deux enfants de son mari. La fille était l'aînée et le garçon le cadet. Ils s'en allèrent par les routes. Ils entrèrent dans un pays, sortirent d'un pays, entrèrent dans un pays, sortirent d'un pays...
Sans destination précise, ils marchèrent longtemps, se nourrissant de plantes et de racines. Un soir, dans la forêt, ils trouvèrent un animal sur lequel ils montèrent car ils étaient très fatigués. Ils crurent que c'était un âne alors que c'était une hyène. Soudain, la fille qui veillait sur son cadet s'en aperçut. Effrayée, elle chuchota à l'oreille de son frère :

— Mon frère, fils de ma mère ! (c'est ainsi qu'elle l'appelait par tendresse) nous sommes perdus, ce n'est pas un âne mais une hyène que nous montons. Elle nous emporte pour nous dévorer. Chut ! laisse-moi faire.
Elle descendit tout doucement et posa à sa place, sur le dos de la bête, une grosse pierre. Ensuite, elle fit descendre son frère et le remplaça aussi par une autre pierre. L'hyène, sentant le poids sur son dos continua sa route et les enfants se sauvèrent.
De bon matin, ils arrivèrent près d'une ferme entourée de nombreuses tentes. La fillette trouva du travail et resta là avec son petit frère. Quelques jours plus tard, elle obtint quelques vieilles bandes de flij (toile en poil de chèvre) et quelques toiles usées pour fabriquer sa propre petite tente. Elle monta ainsi une modeste Assa (petite tente) et se mit à creuser la terre à l'emplacement de la cheminée pour installer le kanoun où devait brûler le feu de leur premier repas.
Après quelques coups de pioche, la fillette sentit une résistance. Elle insista, creusa et découvrit un monceau de louis d'or. Elle se hâta de le cacher et garda le secret. Elle garnit le foyer de trois pierres, alluma le feu pour le dîner et ajusta son couscoussier.
Et le temps passa : vient un jour et part un jour, vient un jour et part un jour... La fillette continuait à travailler à la ferme et son frère grandissait. Un jour, elle lui demanda :
— Mon frère, fils de ma mère ! dis-moi : si jamais je te donnais une pièce d'or, qu'en ferais-tu ?
— Je me rendrai au souk et j'achèterai un lance-pierre pour moi et un autre pour toi. Ainsi, nous irons chasser le moineau, répondit-il tout joyeux.
— Oh ! Mon frère, le fils de ma mère, n'est pas encore mûr, soupira la jeune fille qui continua à garder le secret sur l'or découvert.
Elle travaillait dur à la ferme. Elle égrenait le blé, le moulait, tamisait la semoule, roulait le couscous, pétrissait le pain et réalisait de nombreux travaux de tissage. En retour, elle était payée de semoule, de lait, de beurre et nourrissait son frère qui continuait à jouer.
Quelques années après, elle redemanda à son frère :
— Mon frère, fils de ma mère ! dis-moi : si jamais je te donnais une pièce d'or qu'en ferais-tu ?
— Je me rendrai au souk acheter un cheval et un beau burnous pour me promener et chasser, lui répondit-il.
— Oh ! Mon frère, le fils de ma mère, est encore jeune, pensa-t-elle encore.
La vie reprit son cours et le temps passa. Des années s'écoulèrent avant que la jeune file n'interrogeât son frère devenu bien grand :
— Mon frère, fils de ma mère ! dis-moi : si jamais je te donnais une pièce d'or, qu'en ferais-tu ?
— Ma sœur, fille de ma mère ! J'irai au souk, j'achèterai une brebis qui mettra bas et une fois l'agneau sevré, je retournerai au souk le vendre. J'achèterai une autre brebis qui me donnera un autre agneau et ainsi, peu à peu, j'aurai un cheptel. Je deviendrai riche et je dirigerai toute une tribu.

2. Mon frère, le fils de ma mère, est enfin devenu un homme, conclut-elle. Elle lui remit tout le trésor. Ils quittèrent la région et devinrent riches. Le jeune homme acheta des terres, des troupeaux, engagea des ouvriers. Il eut des esclaves et des serviteurs. Il n'oublia pas, avant de partir, d'emmener avec lui une vieille chamelle toute décharnée dont personne ne voulait et qu'il avait adoptée. Dans l'opulence, cette chamelle reprit des forces et mit bas un magnifique chamelon. Il l'appela Izar et en fit son meilleur ami. Plus que cela, il le considérait comme son frère. Lorsqu'il s'absentait du campement, Izar montait la garde pour protéger la sœur.
Le jeune homme avait recommandé à sa sœur de ne jamais rien laisser s'échapper sur la rivière. Un objet transporté par l'eau pourrait révéler sa présence et la mettre en danger.
La sœur et le frère vivaient heureux avec leurs gens. Mais voilà qu'un jour, alors qu'elle lavait le blé au bord de la rivière, le tamis lui glissa des mains et partit sur l'eau. Elle ne dit mot et le temps passa.
Un matin on vit arriver une vieille femme. C'était Settout la maudite (que Dieu nous en préserve car elle est capable de tout sous son air de vieille femme sage !) Elle avait été envoyée par deux hommes qui avaient découvert le tamis sur le cours de la rivière qu'ils remontèrent. C'est ainsi qu'ils avaient découvert la jeune femme. Ils entreprirent de la séduire et seule Settout pouvait les y aider. La vieille gagna, peu à peu, la confiance de la sœur et de nouvelles idées se mirent à germer dans sa tête. Elle lui répétait :
— Comment une belle femme comme toi peut-elle vivre sans se marier ? Tu sacrifies ta jeunesse pour ton frère. Tu mérites de découvrir les joies de la vie....
La jeune fille succomba et accepta de recevoir les deux prétendants qui devinrent ses amants. Dès que son frère s'absentait, ils venaient la retrouver sous sa tente. Mais la présence d'Izar rendait ces rencontres difficiles.
— Fais mine d'être malade et laisse-moi faire, suggéra Settout.
La jeune femme s’alita en gémissant et le frère, affolé, demanda qu’on aille vite chercher un taleb. Settout proposa ses services. Elle revint avec les deux amants déguisés en talebs avec leurs turbans et leurs burnous, des Corans entre les mains. Ils s’installèrent au chevet de la jeune femme et conclurent :
— Le seul remède capable de la sauver est le foie du chamelon Izar.
— Comment ? hurla le frère. Izar est comme mon frère, jamais je ne pourrai le sacrifier.
— Ta sœur mourra alors, affirmèrent les hommes.
Après une douloureuse hésitation, le jeune homme accepta de réaliser le sacrifice. Il cria :
— Izar ! O mon frère Izar ! Je te demande pardon, mais il y va de la vie de ma sœur, la fille de ma mère.

3. Monseigneur ! Elle a bien une fille et pas n'importe laquelle. Sa beauté a provoqué chez moi un choc. Et je suis sûr qu'aucun homme n'a jamais possédé une femme pareille. Même pas tes nobles ancêtres.
— Ah bon ! Je vais aller vérifier et si je ne trouve pas cette grande beauté, je te coupe la tête.
Le Sultan se rendit chez Settout dès le lendemain. Il arriva à pied sans faire de bruit et regarda discrètement à l'intérieur de la tente. Il vit alors la jeune femme qui se coiffait. Ses cheveux étaient déliés et retombaient sur ses genoux comme des flots soyeux. Il remarqua les mèches d'or et d'argent qui scintillaient. Il resta un moment médusé et se ressaisit.
— Oh Settout ! appela-t-il.
Elle se précipita à sa rencontre :
— Sois le bienvenu Sidi (Monseigneur) ! fit-elle toute mielleuse.
— Je veux que tu me dises d'où vient cette jeune femme qui vit chez toi et fabrique des perdrix aussi parfaites que celles qui sont en chair et en os.
— C'est ma fille.
— Non, c’est faux. Il y a plusieurs années que tu vis sur mes terres et je sais que tu n’as pas d’enfant. Si tu ne me révèles pas tout, je te fais trancher la tête.
Settout avoua en pleurant :
— O Sidi ! Je vais tout te dire : cette femme est celle qui est venue avec la fille du Vizir. C’est elle la fille du Sultan, ta véritable épouse. La fille du Vizir l’a ensorcelée en lui plantant une aiguille dans le crâne. Elle l’a transformée en perdrix, celle qui venait chanter dans ton jardin. Lorsque je l’ai délivrée de l’enchantement, j’ai été tentée de la garder avec moi tant elle est belle. Je te demande pardon.
Le Sultan emmena aussitôt la princesse avec lui au palais et fit venir sa femme. Celle-ci se montra confuse et se jeta aux pieds de la fille du Sultan, son amie d’antan.
— Un serment sacré nous liait, déclara la princesse. Moi je l’ai respecté, mais toi tu l’as trahi. Comment veux-tu que je te pardonne ? Qui pourra me garantir que tu ne vas pas me nuire à nouveau ?
La fille du Vizir ne reçut pas le pardon. Le jardinier l’emmena dans le jardin et la jeta au fond d’un puits.
Le Sultan organisa de nouvelles noces et tout le pays entendit parler de l’histoire de la perdrix qui chantait pour retrouver son époux.
Elle a pris le feu, le feu, j’ai pris la route, la route !
Elle a mangé du Diss, j’ai mangé du Rfiss !

4. La vieille prit peur et recula. Les gémissements continuèrent. Elle revint, écarta le crottin hâtivement et leva les bras en voyant une forme humaine tout en criant :
— Ô toi créature qui te trouves là, dis-moi : fais-tu partie du monde des vivants ou de celui des morts ?
— Il fut un temps où je faisais partie du monde des vivants, répondit faiblement le jeune homme, mais aujourd'hui, on peut dire que je fais partie du monde des morts.
Il raconta son histoire depuis le commencement à la vieille femme. Compatissante, elle l'emporta chez elle sous sa vétuste xaïma (tente) où elle vivait seule et elle s'occupa de lui comme s'il avait été son propre fils.
La chamelle suivit son maître et la vieille la trayait chaque matin pour le nourrir. Il retrouva alors ses forces. La vieille femme lui donnait quotidiennement un sac de sable à porter. Et chaque jour, elle augmentait le poids du sac. Au fil du temps, le jeune homme put porter un gros sac comme par le passé. Il était guéri.
Un matin, il se prépara et dit à la vieille qu'il considérait comme sa mère :
— Ma mère ! Je m'en vais. J'ai une dernière chose à accomplir, mais je reviendrai te chercher.
Déguisé en mendiant, il prit la route et retourna dans sa tribu. Alors qu'il approchait du campement, les animaux qui s'étaient tus depuis sa disparition, s'éveillèrent : les chiens se mirent à aboyer, les moutons à bêler, les chevaux à hennir, les chameaux à blatérer. Tout reprit vie. Le jeune homme cria de loin pour demander l'hospitalité. Personne ne le reconnut hormis un de ses serviteurs des plus fidèles.
— C'est toi maître ? dit l'homme en sursautant.
— Oui c'est moi, lui chuchota-t-il.
Le maître lui fit signe de se taire :
— Chut ! Ne dis rien à personne et demande à ta maîtresse de me permettre de passer la nuit dans l'écurie. Dis-lui que je suis un mendiant. Après cela, tu me prépareras mes habits, mon sabre et mon fusil que tu m'apporteras dans la nuit.
L'homme obéit. La nuit, le maître se vêtit de son burnous, de son turban, prit son fusil et rentra sous la tente de sa sœur. Elle dormait au milieu de ses deux amants : l'un avait la tête posée sur son bras droit et l'autre la tête posée sur son bras gauche.
Le frère braqua son fusil et tua les deux hommes. A sa sœur, il réserva un autre sort. Il lui attacha un bras et une jambe à un cheval et l'autre bras et l'autre jambe à un deuxième cheval. Puis, il tira un coup de feu en l'air. Les chevaux s'emballèrent et partirent chacun dans une direction.
L'homme retrouva sa tribu. Il n'oublia pas la vieille femme et sa chamelle qu'il fit venir auprès de lui.
Elle est partie, je suis venue !

L’Algérie des contes et légendes Nora Aceval

 

par Nora Aceval

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